Face aux défis de reconstruction consécutifs à la crise traversée par la Nouvelle-Calédonie, la question de la refonte du modèle économique calédonien se pose avec plus d’acuité. L’Autorité de la concurrence entend, par la présente note, livrer sa contribution aux débats en cours, en proposant aux pouvoirs publics deux modèles de développement distincts, présentant des degrés variables de protectionnisme, ainsi que les conditions de leur succès.
L’Autorité questionne un modèle de développement reposant jusqu’à présent sur les « protections de marché », mesures réglementaires mises en place en Nouvelle-Calédonie, permettant à des produits fabriqués ou transformés localement de se trouver protégés de la concurrence des produits importés. Ces mesures peuvent prendre la forme d’interdictions d’importations, de quotas d’importation ou bien de taxes sur les produits importés.
Ces mesures s’inscrivent dans un modèle de développement économique tourné vers la satisfaction de la demande locale, autrement appelé « d’industrie-substitution », par opposition à des modèles de développement extravertis fondés sur l’exportation de quelques produits ou services et l’ouverture aux échanges, appelés « d’ouverture-spécialisation ».
La présente note pose une réflexion sur l’existence de mécanismes moins attentatoires à la concurrence et plus vertueux pour le consommateur, pour atteindre l’objectif, légitime, de protection de l’industrie locale. A cet égard, l’Autorité dresse un bilan qualitatif critique du modèle protectionniste calédonien en présentant ses effets indésirables sur la concurrence, ainsi que ses limites procédurales et structurelles.
Elle recommande ensuite aux pouvoirs publics de faire procéder à une évaluation quantitative à 360° du système de protections de marché, dont les paramètres sont précisément définis, dans une logique de transparence démocratique, afin de connaître les gains et les coûts d’un tel système pour l’économie calédonienne. Deux trajectoires de développement sont ensuite présentées, l’une proposant des axes d’amélioration du modèle actuel et l’autre, de rupture, proposant un scénario d’ouverture et de spécialisation de l’économie calédonienne.